4e Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs

Historique d’un Régiment héroïque de la Grande Guerre (1915-1918)

Le Drapeau du 4e Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs

L’histoire très glorieuse du 4e Régiment mixte de Zouaves et Tirailleurs (4eRMZT) commence en août 1914. Au début de la guerre, 4 régiments mixtes zouaves et tirailleurs sont formés avec 13 bataillons : 3 de zouaves et 10 de tirailleurs (tous les régiments comportent trois bataillons sauf un qui en a quatre).
Le 1er octobre 1914, les deux RMZT de la division marocaine sont dissous.

En 1915, un régiment de marche de zouaves et un régiment de marche de tirailleurs sont transformés en régiment mixte.) avec la formation du 8e Régiment de Marche de Tirailleurs. Ce 8e RMT est composé des 1er et 6e bataillons du 8e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (8e RTT) et du 2e bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (4e RTT).

Sa devise est « Sans peur et toujours en avant ». Fort de 45 officiers et 1 931 hommes de troupes, il participe vaillamment à la bataille de frontières (août 1914). Il est, en août, sous le feu à Charleroi puis à Guise et en septembre, à la bataille de Montmirail. Il subit de très grandes pertes et reçoit l’ordre de se replier. Il stationne à Furnes (Belgique flamande) quand il subit une violente attaque le 30 septembre. Bilan funeste de cette journée « ordinaire » : 62 tués, 163 blessés et 43 disparus.

Participant à l’assaut contre la forteresse de Dixmude (novembre 1914) qui reste aux mains de l’ennemi, il prend un court repos début décembre et repart au front jusqu’au 25 décembre, date à laquelle, il est relevé. Le 8e RMT peine à se reconstituer. Il lui faut environ trois mois. Ce n’est qu’en mars qu’il repart au front pour tenir les tranchées dans la région de Roye-Lassigny.

C’est le 21 juin que le 8e RMT reçoit l’ordre de donner deux de ses bataillons (le 1er et le 6e) pour former avec le 6e bataillon du 7e Régiment de Marche de Zouaves, le fameux 4eRMZT. Le lieutenant-colonel Charles Edouard LEVEQUE reçoit le commandement. Le nouveau régiment est tout de suite mobilisé pour participer à la deuxième bataille d’Ypres où ses pertes s’élèvent à 1 800 hommes en quatre mois.

Puis en Août, le régiment est engagé sur le front de l’Artois. Le 68e RI, le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (RICM qui deviendra Régiment d’infanterie-Chars de Marine en 1956) et le 4e RMZT se relèvent régulièrement dans les secteurs d’Hersin, Luchuel, Monchiet ou encore Barlin. En 120 jours de combats, entre le 29 août et le 26 décembre 1915, plus de 1 200 hommes y perdent la vie.
Après deux jours de cantonnement à Dunkerque les 27 et 28 décembre 1915, le 4eRMZT repart en Belgique dans la région d’Oostduinkerte où il se relaie sur la zone de front avec le RICM de janvier à mai 1916. Le secteur est un peu calme et le colonel Jacques VERNOIS qui a pris les rênes du régiment le 26 janvier 1916 ne déplore pour cette campagne belge que 109 tués.

Stationnant un temps dans l’Oise à Maisoncelle, les soldats, sous-officiers et officiers du 4eRMZT rejoignent Verdun où le régiment est engagé à partir du 7 juin jusqu’en janvier 1917. S’ensuivent six mois d’une terrible bataille où il est de tous les coups : cote 304, Thiaumont, Douaumont. C’est à cette occasion qu’il gagne sa première citation à l’ordre de la 2e Armée, avant d’en recevoir une deuxième en janvier 1917 pour son offensive vers Vacherauville et Bezonvaux. C’est au cours de cette offensive que le régiment capture 1 038 prisonniers dont 27 officiers, prend et détruit cinq canons de 77, 10 canons de tranchée et un nombreux matériel de guerre.
Mais le bilan est terrible : il perd 2 831 hommes en 235 jours de combats, soit plus de 10 par jour. Ce chiffre monte à presque 50 hommes tués par jour quand on sait qu’il a été véritablement exposé au feu pendant 57 jours.

Du 17 janvier au 8 novembre 1917, le 4e RMZT est engagé dans l’Aisne, à la ferme d’Hurtebise et au monument de 1814, puis au plateau de Marraines, aux tranchées de la Lusace, ravin de Chavignon-Biermont. Il participe au Chemin des Dames, à la deuxième bataille de l’Aisne sur le plateau du Nord de Paissy puis est engagé dans la bataille de la Malmaison (octobre 1917). Ces campagnes lui coûtent encore 1 763 soldats, sous-officiers et officiers. Le régiment est cité une troisième fois à l’ordre de l’armée.

Des blessés du 4e Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs

De novembre 1917 à mars 1918, le 4e RMZT, fortement remanié, stationne en Champagne : Mourmelon, Mailly, Fleury-La-Rivière… le 27 mars 1918, il fait mouvement vers la Picardie. Le lendemain, il affronte les troupes allemandes lors de la première bataille de Noyon entre Roye-sur-Matz et Conchy-les-Pots, ce qui lui vaut une quatrième citation pour « avoir défendu avec la plus grande énergie les positions confiées à sa garde et repoussé victorieusement, après de violents corps à corps » les troupes ennemies.

Du 31 mai au 18 juin, il prend part à la 3e bataille de l’Aisne dans le secteur de Nampcel puis à la bataille du Soissonnais et de l’Ourcq du 18 au 22 juillet. L’énergie déployée dans l’assaut contre l’ennemi lui permet de capturer 950 prisonniers, 26 canons, 150 mitrailleuses et de nombreux matériels. Une cinquième citation vient couronner la vaillance désormais légendaire de ces soldats, bientôt suivie d’une sixième pour, notamment, avoir réalisé « une percée de 10 kilomètres, faisant plus de 100 prisonniers, s’emparant de deux canons et d’un matériel considérable ». Ce séjour en Picardie est particulièrement terrible pour le régiment qui perd encore 2 479 hommes, en 94 jours d’engagement au feu, en contact direct avec l’ennemi.

Relevé par le 8e RMT en septembre 1918, le 4e RMZT stationne jusqu’au 12 octobre entre Sochaux et Belfort puis rejoint l’Alsace (12 octobre – 1er novembre). C’est entre Deyvillers et Jeuxey à l’est d’Epinal qu’il apprend la signature de l’armistice le 11 novembre.

Deux jours auparavant, le régiment avait reçu la fourragère de la Légion d’Honneur des mains du Général de Castelnau, Le 4e RMZT a perdu depuis sa création près de 12 000 soldats.

Un décret du Président de la République, Raymond Poincaré vient entériner l’attribution de la Légion d’honneur au régiment. C’est le chef de l’Etat en personne qui la remet au drapeau du 4e RMZT à l’Hôtel de Ville de Paris le 13 juillet 1919. La citation accompagnant cette décoration mentionne notamment « Régiment héroïque, qui créé au début de la guerre, s’est montré, dès ses premières batailles, le digne et valeureux descendants des vieux régiments de zouaves et detirailleurs dont il a prolongé la tradition. A derrière lui un passé déjà chargé de gloire.S’est toujours signalé par une inébranlable ténacité et par sa ferme volonté, d’aller, s’il fallait, jusqu’au sacrifice total ».

Ce régiment d’infanterie, l’un de ceux qui a reçu le plus de citations au cours du premier conflit mondial, devient le 16e Régiment de Tirailleurs Tunisiens en1920.

LTN (r) Christophe Soulard

Sources :