3e DIM en 1940

La 3e Division d’Infanterie Motorisée en 1940

 

Pour fêter le 70e anniversaire de la Libération, le bulletin de l’ANORI a souhaité mettre un coup de projecteur sur les unités qui ont participé à la Bataille de France qui s’est engagée le 10 mai 1940 pour s’achever avec l’armistice du 22 juin de la même année. A l’honneur dans ce bulletin, la 3e Division d’infanterie motorisée (3e DIM).

A la déclaration de guerre, 900 000 soldats français d’active et un peu plus de quatre millions de réservistes sont mobilisés. Sur cinq millions d’hommes, 2,2 millions se retrouvent sur le front. En mai 1940, l’armée de Terre aligne 117 divisions, parmi lesquelles 70 divisions d’infanterie dont 30 d’active. En face, l’Allemagne nazie dispose de 157 divisions, dont 119 divisions d’infanterie, parmi lesquelles 35 d’active.

Selon les propos tenus par le général d’armée allemand, Wilhelm von Leeb, à la veille de l’offensive, « la surprise n’est pas possible. Nous allons avoir un nombre infini de victimes sans pouvoir venir à bout des Français. Une attaque contre la France ne pourra pas être menée comme l’attaque contre la Pologne, mais sera longue et provoquera des pertes énormes. »

Il est vrai, contrairement à ce que l’on rapporte ici et là, que les Français se sont vaillamment battu, au point de perdre, en un mois de rudes combats, entre 70 000 et 100 000 hommes (selon les sources). Parmi ces vaillants soldats, ceux de la 3e DIM, l’une des plus grandes unités d’infanterie qui ont combattu. Commandée par le général  Paul Bertin-Boussu (1884-1982), elle va s’illustrer durant la campagne de France, particulièrement à Stonne (Ardennes), où elle tiendra la Wehrmacht en échec pendant quelques semaines.

Unité principalement d’active, la 3e DIM trouve ses origines dans le Nord de la France, en Picardie d’où vient sa devise « Pique-Hardy ». Ses effectifs sont composés de Normands, Flamands, Ardennais et Franciliens. Elle est notamment composée du 51e RI, stationné à Amiens et Beauvais, du 67e RI qui a ses quartiers à Soissons et Compiègne et du 91e RI qui est basé à Mézières, Givet et Laon. Le 42e Régiment d’artillerie et le 242e RAL (artillerie lourde) de Laon, complètent le dispositif divisionnaire avec un bataillon de sapeurs-mineurs, deux compagnies de transmissions, deux compagnies de train, un groupe d’intendance, un groupe de reconnaissance (cavalerie) et un groupe sanitaire.

Aux débuts de la drôle de guerre, la 3e DIM est affectée en réserve du Grand Quartier Général (GQG), et transférée aux environs de Ligny-en-Barrois (au Sud-est de Bar-le-Duc) où elle arrive les 10 et 11 septembre. Elle commence alors une période d’instruction de deux mois et demi. Fin novembre, elle est mise à la disposition du IXe Corps d’Armée (général Laure, 4e Armée du général Réquin) et doit relever la 18e DI (Général Duffet) sur la ligne de front. L’une de ses nombreuses missions est de tenir une ligne de positions en avant des ouvrages bétonnés de la ligne Maginot. Elle se voit ainsi rattacher de manière temporaire d’autres unités parmi lesquelles les 69e et 82e Régiments d’infanterie de forteresse et les 2e et 3e Compagnies du 26e Régiment d’infanterie.

En face de la 3e DIM, se trouve la 258 Infanterie-Division du Generalleutnant Walther Wollmann et ses trois régiments d’Infanterie : le 458., le 478. et le 479. Pour les deux camps, l’hiver est très vif, la température descend parfois à moins trente degrés. Les deux adversaires organisent des patrouilles et lancent des coups de main sur les positions adverses. Les premiers accrochages sérieux ont lieu dans la nuit du 8 au 9 décembre, puis celle du 11 au 12, date à laquelle la 3e DIM enregistre son premier tué, le sous-lieutenant Chevalier. Il avait 22 ans et appartenait au 67e RI.

Entre le 20 et 24 janvier 1940, la 3e DIM est relevée par la 29e Division d’infanterie alpine (Général de Division Gérodias). Elle rejoint ensuite la zone de Morhange, Delme et Château-Salins. Plusieurs croix de guerre sont décernées, et le commandement félicite la troupe pour sa tenue face à l’ennemi. Pendant sa période de combats au front, la 3e DIM accuse la perte de 17 tués et 36 blessés.

A nouveau placée en réserve du GQG le 25 janvier 1940, la 3e DIM fait mouvement du 25 au 30 janvier vers l’ancienne zone de stationnement de la 29e DIA, dans la région de Sermaize-les-Bains, Saint-Dizier et Vitry-le-François. Elle entame une nouvelle période d’instruction qui dure jusqu’à l’attaque allemande du 10 mai 1940.

Le 10 mai 1940, l’ordre d’alerte parvient à la division à 10 heures. Les régiments sont regroupés et se préparent à faire mouvement. La 3e DIM est mise à la disposition de la 2e Armée (Général Huntziger). Le 12 mai, elle stationne à proximité de la gare principale de la zone de stationnement de la division, à Pargny-sur-Saulx (Marne). Les batteries de la 702/409e Compagnie de DCA y sont les premières à faire le coup de feu. Elles abattent trois avions ennemis dont les équipages sont capturés.

Le 13 mai, les Allemands commencent à franchir la Meuse. La 3e DIM placée sous le commandement du XXIe CA (général Flavigny) reçoit pour mission d’occuper la région de Stonne, en prévision d’une contre-attaque en direction de Sedan.

Les régiments d’infanterie français sont pris à partie par des éléments de la 10. Panzerdivision et de l’Infanterie-Regiment Grossdeutschland. Les attaques ennemies répétées empêchent l’armée française de lancer sa contre-attaque en direction de Sedan. De durs combats se déroulent dans le petit village de Stonne qui n’en finit pas d’être pris, perdu, repris. Les attaques et contre-attaques se succèdent. Les régiments d’infanterie font subir de lourdes pertes aux troupes ennemies, mais l’intérêt stratégique de Stonne devenant moins important et le 26 mai, la 3e DIM est relevée par la 35e Division d’Infanterie (Général DECHARME) pour pouvoir être mise au repos. Ayant subi de nombreuses pertes, l’unité divisionnaire est réorganisée, reçoit des renforts, perçoit de nouvelles armes. Le 7 juin, elle reçoit l’ordre de rejoindre la région de Monthois (Ardennes).

    

Le 10 juin, les Allemands déclenchent une action terrestre de grande envergue. La résistance des régiments d’infanterie est encore une fois tenace, bien soutenue par la contre-attaque des éléments blindés. La 3e DIM fait ensuite mouvement vers l’Ouest en deux étapes (10 et 11 juin) pour couvrir les arrières de la 3e Division Cuirassée.
Le 11 juin, l’infanterie divisionnaire tient le secteur de Leffincourt et Mazagran (Ardennes). Cette dernière position, attaquée peu de temps après, est fermement tenue par le 67e RI.
Le 12 juin, la 3e D.I.M. recule encore d’une quinzaine de kilomètres vers le Sud (entre Souain et Saint-Hilaire-le-Grand), car la situation de l’aile gauche du corps d’armée ne cesse de s’aggraver.

La journée du 13 est entièrement consacrée au regroupement de la division. Même si les régiments d’infanterie gardent le moral, la fatigue se fait durement sentir après les 70 kilomètres de marche forcée, et les combats incessants de ces dernières 48 heures.

Le 51e RI ne compte plus que 500 hommes dans ses rangs, autant que le 91e RI. Quant au 67e RI, seuls 300 hommes répondent à l’appel. Devant la poussée allemande, la 3e DIM est contrainte de se replier et résiste jusqu’à ce qu’il ne reste plus que 1000 hommes. Le 18 juin, la 3e DIM a cessé d’exister, ses troupes ayant été tuées au combat, blessées et surtout capturées. Fort heureusement, tous les drapeaux régimentaires ont pu être sauvés.

CNE (r) Christophe Soulard

Sources :
http://eric-denis.wifeo.com/1940-la-3e-division-d-infanterie-motorisee.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Stonne
http://atf40.forumculture.net/t287-3eme-dim-quizz
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/article.php?laref=1