En 302, l’empereur Dioclétien édicta de faire mourir tous les Chrétiens de la terre dans une persécution générale. Le césar Maximien, entre deux guerres, proclama cet édit à son armée alors campée dans la haute vallée du Rhône dans la Suisse actuelle, tout près de la Savoie et du lac de Genève. Il ordonna en même temps que tous les soldats adoreraient les idoles par un sacrifice public offert aussitôt.
Forte de 6 600 soldats sous les ordres du primicier Maurice, la légion Thébéenne était chrétienne. Tous ses guerriers, rompus à tous les combats, étaient nés près de l’antique Thèbes, en Afrique. Ils en avaient été enlevés et enrôlés de force, dix ans auparavant, lors d’une persécution sur leur terre natale. Sous les armes, ils avaient conservé leur Foi pure et bien vivante. Aussi, noblement, tous répondirent au césar : « Nous sommes Chrétiens. Nous ne pouvons donc renier Jésus-Christ en sacrifiant aux idoles, ni persécuter nos frères ».
Cette belle et digne réponse irrita César. Aussitôt, il fit égorger 660 soldats de cette légion, soit un sur dix. Par cet immense massacre, il voulait amener les survivants à adorer les idoles. Mais ceux qui n’avaient pas été désignés pour mourir encourageaient les Martyrs et désiraient leur gloire.
Voyant leur fermeté dans la Foi, le César en fit décapiter, le lendemain, un nouveau dixième ; 600 nouveaux Martyrs s’ajoutèrent donc aux 660 premiers.
Fidèlement, depuis dix ans, la valeureuse Légion Thébéenne bataillait pour le César. Ses vieux soldats, rompus à la guerre et bien armés auraient pu se défendre contre lui, mais ils ne le voulurent pas. Par la voix du primicier Maurice, ils répondire encore à Maximilien qui leur proposait à nouveau de choisir entre sacrifier aux idoles ou mourir :
« O Empereur, nous t’avons prouvé notre fidélité et notre discipline en combattant pour toi partout où tu l’as voulu ; mais renoncer à Jésus-Christ en persécutant les Chrétiens et en adorant les idoles, nous ne le pouvons. Tous, nous préférons mourir, bien que nous pourrions nous défendre contre toi. »
Voyant que les soldats de la superbe Légion préféraient Dieu à lui, le c ésar Maximilien ordonna la mort de tous. En cette journée du 22 septembre 302, le sang de 4 340 des plus valeureux soldats romains inonda à flots la valée du rhône, au lieu dit Agaume.
Tous périrent par le glaive, sans se défendre, heureux de mourir pour Jésus-Christ. Gloire à ces 6 600 Martyrs et à leur chef Maurice ! Magnifiquement ils ont rendu à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu.
Sur la terre de France, des milliers de chapelles et d’autels sont dédiés à ces 6 600 Soldats Martyrs. Le nom de Saint-Maurice, leur chef, est porté par 525 églises paroissiales. Avec honneur, 69 villes et villages s’appellent Saint Maurice. Sur le lieu même du martyre, une abbaye célèbre s’est fondée, elle garde leurs reliques et Agaume, qui se nomme désormais Saint-Maurice, voit accourir chaque année des milliers de pélerins.
L’Infanterie Française a adopté comme patron Saint Maurice, qu’elle célèbre tous les 22 septembre.
Note : une grande partie de ce texte est tirée de la brochure « Sois bon soldat » (conseil au jeune soldat et au conscrit) du Capitaine Magniez, paru en 1907.