Il est bien inhabituel de commencer un édito de nouveau Président par des mots de tristesse.
J’ai bien sûr grande joie et fierté d’avoir été désigné comme Président de l’ANORI cet été. Mais cet honneur est hélas associé à la disparition de notre cher camarade Philippe MARTIN. Tous ceux qui l’ont connu ou qui ont travaillé avec lui savent que nous venons de perdre, en plus d’un ami, un Grand Monsieur ; un Grand Monsieur par ce qu’il était, par ce qu’il a incessamment donné aux autres, et par ce qu’il investissait chaque jour dans ce en quoi il croyait.
Ces mêmes valeurs et qualités l’ont sans cesse animé à la tête de l’ANORI, pour le rayonnement de l’Infanterie et de sa Réserve. Soucieux de tenir le combat dans la durée, il a veillé à nous laisser une équipe dirigeante solide, des membres soudés, et encore de très nombreux projets ou combats à conduire. Il nous a montré la voie, et nous saurons lui faire honneur, en allant comme lui « toujours en avant ».
Notre bulletin sort symboliquement en pleine Journées Nationales des Réservistes (JNR), autre occasion de lui rendre hommage. Car il aura été pendant les trois dernières décennies, un des acteurs majeurs, tant sur le terrain qu’auprès de nos chefs, de la défense et de la préparation de la Réserve, que l’on nous annonçait alors condamnée à disparaître après la chute du mur de Berlin.
Ces JNR, débutées le 12 octobre, s’achèveront par une prise d’armes (d’unités de réserve des différentes armées) sous l’Arc de Triomphe le 12 novembre au soir. Elles auront hélas eu bien peu d’échos dans les médias civils et auprès des employeurs. Elles sont donc pour nous l’occasion de redonner un portrait de notre Réserve au travers de quelques chiffres (1), et de rappeler sa réalité opérationnelle, et de les féliciter ici tous pour leur engagement citoyen :
- presque 40 000 réservistes opérationnels dans nos armées (dont 23 000 dans la seule Armée de Terre) et 30 000 en gendarmerie ;
- une moyenne de 40 jours d’activité pour les réservistes de l’Armée de Terre (et donc de l’Infanterie !), dont la moitié en opération ;
- un engagement quotidien, tant dans les opérations intérieures (Sentinelle, …) et extérieures, que dans le fonctionnement permanent de nos armées ;
- 40% ont moins de 30 ans, et le poids de ces « initiaux » (vierge de tout parcours militaire avant engagement) va croissant ;
- sur les 3 dernières années, les réservistes qui s’engagent dans l’active représentent un volume d’environ un régiment d’infanterie ;
- et nous n’oublions pas nos camarades réservistes citoyens, désormais plus de 5 000, et qui contribuent eux aussi au rayonnement des armées.
Plus que jamais, nous devons faire connaître nos armées et nos réserves à un maximum de nos jeunes Français, pour leur donner l’envie et la chance de les intégrer, et de nous y rejoindre. D’autant qu’à la lecture des médias, nous sommes en droit de penser que notre monde n’est visiblement plus majoritairement dans l’espérance de paix de nos aînés de 1945 ; signe des temps, la Suède a récemment réinstauré son service militaire…
Notre bulletin, par son riche contenu, est un excellent vecteur de diffusion de l’esprit de défense, une sorte d’assurance vie contre les incertitudes géostratégiques de demain. Je compte donc sur chacun d’entre vous, pour le diffuser largement autour de vous, et ainsi, créer de nombreuses nouvelles vocations.
Nous continuerons ainsi, tous ensemble, à mener l’un des combats de notre regretté Colonel Philippe MARTIN.
Lieutenant-colonel (r) Claude NICPON
Président de l’ ANORI – Association Nationale des Réservistes de l’Infanterie
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