La Piémontaise

Chants

La Piémontaise

Oh que je suis donc à mon aise,
Quand j’ai ma mie auprès de moi
De temps en temps je la regarde
Ma mie, mon coeur, embrasse moi.

Comment veux-tu que je t’embrasse
Quand tout le monde parle de toi
On dit que tu vas à la guerre
En Italie, servir le roi.

Ceux qui t’avons dit ça la belle
T’avons bien dit la vérité
Mon cheval est dans l’écurie
Sellé, bridé, prêt à monter.

Quand tu seras dans ces grands-guerres,
Tu ne penseras plus à moi
Tu verras l’une, tu verras l’autre
Qui sont cent fois plus belles que moi.

O j’y ferai faire une image
A la ressemblance de toi
La porterai sur mon bras gauche
Cent fois par jour l’embrasserai.

Mais que diront tes camarades
De t’y voir embrasser c’portrait !
Je leur dirai : c’est ma maîtresse
Ma bien-aimée du temps passé.

Je l’ai aimée, je l’aime encore
Je l’aimerai tant qu’je vivrai
Je l’aimerai quand j’serai mort
Si c’est donné aux trépassés.

Alors, j’ai tant versé de larmes,
Que trois moulins en ont tourné.
Petits ruisseaux, grandes rivières
Pendant trois jours ont débordé.