L’ECR 526 fête ses 10 ans

L’Escadron de Circulation Routière du 526ème Bataillon du Train est une USR (Unité Spécialisée de Réserve). Moins nombreuses que les UIR (Unité d’Intervention de Réserve que l’on retrouvent notamment dans chaque Régiment d’Infanterie professionnel), les USR assurent des missions dans leur spécialité ET de type « Proterre ». L’Escadron de Circulation est implanté au Camp des Loges, à Saint Germain-en-Laye, et fait partie du 526ème BT, la formation de soutien de l’Etat Major de la Région Terre Ile de France. A ce titre, il s’agit d’une unité travaillant principalement en Ile-de-France et projetée sur des missions intérieures exclusivement (pour le moment (1)).

Son existence au sein d’une formation de soutien interarmes lui confère aussi une particularité intéressante : c’est l’unique escadron de circulation routière de l’Armée de Terre où vous pourrez croiser des circulateurs avec les attributs de l’infanterie !

Créé il y a 10 ans à partir de cadres des régiments de réserve dissous (notamment le 46ème RI), l’escadron accueille en effet des artilleurs, cavaliers, marsouins ou fantassins aux côtés des tringlots qui restent majoritaires. A l’instar d’un Escadron de Circulation Routière militaire d’active, l’ECR doit être en mesure de remplir des missions de trois ordres : renseignement, appui mouvement et sûreté.

Il assume plus d’une vingtaine de missions par an dans ces trois registres – avec un effort marqué sur les missions d’appui mouvement (2). Avec une organisation en trois pelotons de circulation et un PCL, l’ECR compte actuellement plus d’une centaine de personnels capables de remplir à la fois des missions d’appui mouvement simples et certaines MICAT (Missions Communes de l’Armée de Terre, ex « TTA » bien connues des UIR).

                                   

En effet, contrairement à certaines unités d’appui pour qui les missions Proterre n’ont rien à voir avec leur métier premier, une partie des missions confiées aux circulateurs depuis la création de cette spécialité recouvre déjà le spectre des MICAT : surveiller, participer à un contrôle de zone ou encore soutenir. Lors de certains exercices, les scenarii prévoyaient d’ailleurs de basculer un à deux pelotons d’une logique d’appui mouvement (par exemple pour faciliter l’acheminement d’UIR de renfort en Ile-de-France) à une logique plus sécuritaire (en relevant une ces UIR sur place). Les entraînements se font ainsi généralement sous forme de mini exercice autour d’un thème tactique en cohérence avec les missions qui peuvent nous être confiées : montée en niveau écarlate du plan Vigipirate ou déclenchements d’autres plans gouvernementaux de gestion de crise.

Créées lors du premier conflit mondial uniquement pour réguler le trafic militaire, notamment sur la fameuse Voie Sacrée, les unités de circulation ont ensuite été aussi chargées de l’escorte de convois lors de la dernière guerre et surtout des conflits indochinois, algériens et plus récemment en OPEX. Les personnels au brassard vert et blanc ont aussi participé à de nombreuses missions de sécurisation d’axes ou de contrôle de zone, y compris dans les conflits récents comme le Kosovo. Par ailleurs, l’Arme du Train a fourni de nombreux bataillons de marche au cours de ces conflits.

Afin de remplir ces missions et à la jonction entre les savoir-faires traditionnels des circulateurs et les MICAT, se trouvent trois procédés : la patrouille, l’escorte et le point de contrôle (3). L’entraînement de l’escadron aborde régulièrement ces procédés permettant de remplir des missions de type défensif du niveau peloton ou section Proterre.

Dans le cadre de sa préparation opérationnelle l’escadron fait ainsi chaque année une campagne de tir aux armes légères d’infanterie (FLG, ANF1,…), lui permettant de s’insérer dans n’importe quel dispositif de type Proterre ou de projeter à titre individuel des personnels en OPEX.

Certains savoir-faires utiles en mission de service public sont également abordés à toutes fins utiles (chaîne pyrotechnique simple, secourisme,…). Le maintien en condition des personnels et l’application des directives du CoFAT (4) passe aussi par 4 séances d’instruction collective par an dans les camps de la région parisienne. Complétés par des modules ad hoc sur le cadre juridique de l’emploi de la force ou sur le tir de riposte, les acquis de ces séances d’instruction sont appliqués régulièrement sur le terrain lors de missions. Il s’agit principalement des missions « UMIP » : un détachement à 2 groupes organise des patrouilles communes avec les Unités Mobiles d’Intervention et de Protection de la Préfecture de police de Paris dans le cadre du plan Vigipirate.

                                                           

Ces missions, particulièrement appréciées des jeunes réservistes sont passées de 2 à 3 par an et permettent de tester les personnels en situation d’engagement opérationnel dans un environnement diffèrent des missions d’appui mouvement mais tout en combinant notre « monture » habituelle, la P4, avec des patrouilles à pied. Le détachement du 526 est d’ailleurs généralement intégré dans une compagnie Proterre issue d’un régiment de mêlée.

De façon plus ponctuelle, l’escadron peut être amené à engager un peloton complet ou au format Proterre. Il a ainsi fourni un peloton pour les missions de surveillance et de contrôle de zone du 60ème anniversaire du débarquement en Normandie où la richesse de ses moyens de transmission et sa mobilité ont permis une couverture optimale des zones qui lui étaient dévolues. Il a notamment été placé en 2ème rideau de protection au profit de hautes autorités comme la Reine d’Angleterre.

Au final, devant la satisfaction de faire partie d’une réserve d’emploi, a qui sont confiées des missions réelles et qui ne fait pas que s’entraîner en vue d’un hypothétique engagement, le bilan est largement positif. L’unité a parfaitement trouvé sa place aux côtés de ses camarades d’active qui n’hésitent d’ailleurs jamais à la mettre à l’honneur et a partager avec elle les temps forts du bataillon.

Capitaine COTARD
Photos : TTA (Ruchard) , mission d’aide au stationnement avec fantassin/para

(1) Le premier peloton complet de réserviste à être envoyé en OPEX est en effet un peloton du train parti pour la Bosnie en octobre 2007.

(2) Il s’agit par exemple des missions d’aide au stationnement, de jalonnage, guidage de convois, régulation du trafic militaire,… mises en œuvre lors des cérémonies nationales du 8 mai et du 11 novembre, en cas de crise majeure en Ile de France ou encore lors du défilé du 14 juillet à Paris.

(3) Il s’agit ici de « vehicle check points » mobiles et non du point de contrôle de niveau section.

(4) COmmandement de la Formation de l’Armée de Terre qui fixe les directives en termes d’instruction pour les unités de réserve et les niveaux à atteindre dans les diffèrentes spécialités. L’escadron a ainsi été une des premières unités de réserve à appliquer un Système d’Aide à une Instruction de Qualité à l’instar de ce qui est mis en oeuvre dans l’active.