La réserve opérationnelle au 27ème BCA :

 La nouvelle réserve a pour vocation de renforcer, dès le temps de paix, les capacités opérationnelles de l’armée professionnelle, sur le territoire national, à l’étranger ou sur les théâtres d’opérations extérieurs.

D’une réserve sous entraînée, sous équipée et sous employée (pour ne pas dire non employée), nous sommes passés à une autre dimension avec une composante à part entière de l’outil de défense de la Nation. Comme dans tous les corps de l’armée de terre, elle est organisée en deux entités:

  • une unité organique: UIR / Unité d’Intervention de Réserve (5ème compagnie pour le 27)
  • des compléments individuels – missions majeures

Ces derniers, diplômés ORSEM pour les officiers, renforcent la cellule commandement lors d’exercices importants (Aurige, Janus, Centac,…) et lors d’opérations particulières sur le territoire national (G8, …) ou en OPEX . Egalement, « spécialistes sur mesure » ils sont aptes à satisfaire les besoins non pourvus en permanence tels que linguistes, informaticiens, formateurs pour les préparations des concours et examens, intervenants JAPD, encadrement de préparations militaires, chefs de détachement haute montagne …

Issus de toutes les catégories socioprofessionnelles, parfaitement intégrés et passionnés, ils sont de véritables professionnels à temps partagé, dont le volontariat est à souligner. Ils mettent leurs compétences au service du Bataillon en y consacrant la disponibilité que permettent leurs activités professionnelles et situations familiales. Jonglant avec leur double vie et les emplois du temps, ils sacrifient une partie de leurs loisirs pour les 5 à 120 jours d’activités militaires que permet la législation, voire en bénévolat lorsque la totalité des journées du contrat ESR (Engagement à Servir dans la réserve) est consommée.

Disponibles pour leur unité avec une bonne anticipation (ce qui explique une gestion fine de la planification), cadres et Chasseurs ont montré leur aptitude à participer à de nombreuses missions opérationnelles dont: STATERE, G8 (sur le terrain pour les compléments individuels et en base arrière pour la 5ème Cie), sécurisation des cérémonies du 60ème anniversaire du débarquement en Normandie (compléments individuels avec l’état major du GTIA et une section organique employée comme section d’intervention sur VAB). De plus, des postes de cadres et militaires du rang sont systématiquement proposés lors des départs en OPEX ou MCD. Ces séjours de longues durées, même s’ils ne touchent qu’un faible effectif (11 personnes tout de même en 2004), permettent d’asseoir un socle de compétences d’une importance capitale. Quatre mois en opération équivalent à plusieurs années de formation d’un réserviste en métropole. Nombre d’entre eux ont ainsi participé à des OPEX ou MCD sur des emplois très variés tels que radiographistes, conducteurs, cuisiniers, chefs de groupes, officiers de liaison, officiers traitant en état major, interprètes … au Liban en 99/2000, Bosnie en 2001, Norvège, Angleterre, Mayotte et Réunion en 2002, Nouvelle Calédonie en 2003, Sénégal en 2004, Côte d’Ivoire en 2004/2005 et Kosovo en 2006.

L’organisation de l’instruction est pilotée par le « bureau opération instruction » du Bataillon qui veille à ce que les cursus de formation soient compatibles avec les difficultés liées au temps partagé. La formation dispensée, essentiellement sur des instructions de week-end, vise à donner à chacun les savoir-faire nécessaires à l’accomplissement des missions « MICAT » (Missions Communes de l’Armée de Terre) et au renfort des compagnies professionnalisées en spécialistes (tireurs délite, conducteurs PL et VAB, …).

La mise au D.U.O d’une section d’instruction hors compagnie permet de s’affranchir du pré-requis de la formation initiale avant de passer à la formation opérationnelle. Cette formation initiale peut ainsi s’inscrire sur un rythme différent, sans contrainte supplémentaire pour l’UIR. Cette section (1-7-7) offrant d’autres centres d’intérêt, peut être armée par des personnels expérimentés ayant terminé leur temps en compagnie et pouvant ainsi s’orienter vers une deuxième carrière.

Un rendez-vous annuel pouvant servir de contrôle opérationnel est bloqué sur un des ponts du mois de mai au camp de Chambaran. Pour cette année c’est l’exercice Gentiane de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne qui servira de cadre à celui-ci; l’ensemble de ses unités devant fournir une section de réserve au format « PROTERRE ». Elles participeront aux 13 jours de la manœuvre en assurant des missions liées au contrôle de zone pour lesquelles elles sont formées.

La politique de recrutement :

Bien qu’à effectif complet, mis à part quelques spécialistes santé, le Bataillon doit continuer ses efforts de recrutement. Dans le même temps, la professionnalisation, corollaire de la suspension du service national a considérablement tari le principal vivier. Il a donc fallu faire preuve d’imagination: identifier les relais, créer ou développer les réseaux relationnels, améliorer l’attractivité et recruter des jeunes voulant contribuer à la défense de leur pays sans pour autant faire une carrière militaire.

Quelles que soient leurs motivations, que ce soit pour accomplir un acte de civisme, pour découvrir un environnement nouveau et original, rechercher ces relations vraies et cette cohésion que l’on ne retrouve pas forcément dans le milieu civil, il nous a fallu présenter de façon innovante l’image de la nouvelle réserve et informer sur la diversité des parcours possibles.

3 cibles s’offrent à nous:

  • les engagés en fin de contrat,
  • les civils françaises et français de la « génération JAPD » nés après le 31/12/1978, ayant fait ou non une préparation militaire,
  • les anciens appelés du contingent.

Pour les engagés en fin de contrat il est aisé, avec l’aide des commandant d’unités d’active, du Directeur des Ressources Humaines et du bureau reconversion de les contacter avant leur retour à la vie civile. Leur volontariat sera d’autant plus grand que les contacts actives/réserves seront importants et réguliers. Cela peut d’ailleurs être un excellent indicateur d’intégration de la réserve dans son unité.

S’agissant des jeunes issus du civil, il convient de cibler l’éventail de leurs motivations sachant que recruter, intégrer, former et surtout fidéliser cette nouvelle population constitue un véritable défi.

Même s’il est incontestable que c’est en direction de ces deux catégories que doivent porter nos efforts, il n’en reste pas moins qu’une immense ressource subsiste et nous est encore garantie pour quelques années : les anciens appelés. Les derniers n’ont en effet rendu leur paquetage que fin 2001 et les vocations se réveillent parfois tardivement.

Le bataillon a donc mis en place une « mini cellule de recrutement réserve » sur la base d’une équipe motivée, sensibilisée aux relations humaines, ayant le « chic et l’allant », le sens du contact et l’envie de faire partager une passion. Ces « commerciaux », cadres ou Chasseurs, parfaitement au fait des textes régissant la nouvelle réserve et rompus aux techniques modernes et multimédia sont chargés de l’organisation de présentation en milieu civil, de faire vivre un site internet et de rencontrer la presse locale; aidés en cela par un bureau reconversion/recrutement du corps très impliqué.

Les secrets de la réussite du 27 ?

Tout d’abord, au moment de la restructuration des réserves en 1997, l’impulsion donnée par le Chef de Corps, le Colonel de Lardemelle fut primordiale. D’entrée de jeu, la réserve a été associée à toutes les activités, d’ instruction, de vie courante ou de cohésion. Des liens serrés furent tissés et l’intégration fut rapide.

Toujours à l’écoute de l’Officier Adjoint Réserve, les Chefs de Corps, chef de BOI et DRH qui se sont succédés ont tous œuvrés dans le même sens et nous ont, en particulier, aidés à battre en brèche les images éculées issues de l’héritage culturel de l’ancienne réserve sélectionnée. Plus particulièrement, un pas supplémentaire a été franchi l’an dernier par le Colonel Palasset avec l’envoi d’une dizaine de personnel sur l’opération Licorne en Côte d’Ivoire. Au delà de la motivation des personnels concernés, c’est l’ensemble de la réserve qui s’en trouve grandie, reconnue et motivée.

Les moyens mis en place et les relations personnelles entre cadres bien ancrées, il restait à développer chez les réservistes l’adhésion aux valeurs, enjeux, culture et tradition du corps.

Cela s’est fait dans le temps pour arriver aujourd’hui à une osmose active/réserve que l’on peut qualifier d’exceptionnelle. Pour s’en convaincre il suffit de noter l’augmentation régulière du taux d’activité qui témoigne de l’intérêt des réservistes pour les activités proposées et la prise de conscience de l’active pour leur emploi.

Faisant preuve de professionnalisme et de disponibilité, la réserve du 27ème BCA est reconnue et considérée. Sa complémentarité lui permet de se positionner comme une composante à part entière qui apporte un renfort apprécié à l’accomplissement des missions du Bataillon, quels que soient les circonstances et les théâtres d’opération.

Lieutenant-Colonel Buttard
Officier Adjoint Réserve du 27 ème BCA