331, 332, 333…ouverture ! Vérification de coupole et  tour d’horizon effectués, repérage de la zone de saut et recherche de la dérive réalisés. On profite un peu du paysage et du calme et déjà il faut se préparer pour les tractions et le roulé boulé ! Ca y est, le premier saut s’est déroulé sans problème. Il s’est écoulé à peine plus d’une minute entre le fameux passage de la portière et l’atterrissage au sol.

Depuis plusieurs années, au mois de février, un créneau est prévu à l’École des Troupes Aéroportées de PAU (ETAP) pour que les réservistes des régiments TAP puissent suivre l’instruction pour sauter en parachute et être ainsi breveté. Cette année, 32 réservistes issus notamment des 1er RCP, 1er RHP, 1er RTP, 3ème RPIMa, 8ème RPIMa, 13ème RDP, 17ème RGP et 35ème RAP ont suivi le stage de l’ETAP du 2 au 10 février.

La préparation

Tout commence par la préparation physique nécessaire pour passer les tests TAP et pouvoir être proposé au stage. Si ces derniers ne sont pas insurmontables, un entraînement sportif régulier est indispensable tout au long de l’année (en plus des convocations en compagnie).

Les tests TAP1, réalisés en tenue de sport, sont composés de l’enchaînement de 30 flexions de jambes, 15 pompes, 40 abdominaux, 4 tractions sur une barre fixe (en pronation), et de 2 montées de cordes bras et jambes non chronométrées (6 mètres).

S’en suivent le lendemain, les tests TAP2 qui consistent à parcourir dans un premier temps 1 500 mètres (treillis, rangers, sac à dos chargé à 11kg) en moins de 9 minutes, puis, après une courte récupération, 8 km (toujours en treillis, rangers et sac à 11kg) en moins de 60 minutes.

Une fois ces tests réussis et l’aptitude confirmée par le médecin du régiment (Visite Systématique Annuelle), le réserviste d’un régiment TAP peut être proposé pour le stage.

L’instruction au sol

Après l’accueil, le visionnage de films de présentation et la prise en compte administrative de la promotion par les cadres de l’ETAP, les stagiaires se sont très vite retrouvés près des agrès et des maquettes pour débuter l’instruction au sol. Les moniteurs, dont il faut souligner le grand professionnalisme, la pédagogie et la bonne humeur ont d’abord expliqué aux réservistes comment s’équiper et remettre l’équipement en condition (« position magasin » ou de « réintégration », « pliage sommaire » des parachutes ventral et dorsal…).

Les stagiaires ont ensuite effectué plusieurs drills sur les maquettes de l’ETAP (équipement, embarquement, passage de portière sur une reproduction de Transall C160, saut de la tour, roulé boulé…) et ont appris à faire face aux incidents de sauts selon qu’ils nécessitent ou non l’ouverture du parachute ventral. Une séance de « footing cohésion » effectuée dans la bonne humeur a permis de revenir à un peu de foncier tout en renforçant la cohésion entre les deux groupes de saut.

Les sauts

Dès le quatrième jour, les stagiaires ont pu effectuer deux passages de portière à 400 mètres d’altitude, avec d’abord un saut « en position » le matin depuis un Casa CN 235 de l’armée de l’air, puis un saut « au numéro » avec ouverture du parachute ventral l’après midi. Lors des trois premiers sauts précédant la pause du week-end, les stagiaires ont déjà pu tester leurs acquis et notamment corriger des torsades et des déventements. Très enthousiastes par cette première partie de stage, et surtout ces premiers sauts, les stagiaires abordaient la deuxième semaine avec encore plus de motivation.

Cette dernière a débuté sur les chapeaux de roue par un cours d’équipement avec la gaine et un quatrième saut au numéro le matin. L’après midi fut consacré au saut avec la fameuse « gainasse » remplie à 15 kilos et complétée du gabarit de famas. Faute de météo favorable le lendemain, la promotion a finalement été brevetée à cinq sauts, le vent trop fort n’ayant pas permis aux « fiers paras » d’effectuer un saut supplémentaire. Notons toutefois que Saint Michel était avec nous, le stage a en effet pu se dérouler dans de bonnes conditions…entre deux tempêtes !

Le dernier soir, le traditionnel pot à la « PAU-Pot » des cadres a permis de rassembler les stagiaires et les moniteurs dans une très bonne ambiance de cohésion. Les réservistes ont alors pu remettre à leurs cadres des cadeaux plus ou moins originaux…

Lors de la cérémonie de remise du brevet, les co-promotionnaires ont notamment pu écouter solennellement et respectueusement la prière du para qui a été écrite par l’aspirant André ZIRNHELD, SAS du French Squadron mort au combat en Lybie en 1942 (et dont le corps repose au Cimetière des Batignolles à Paris). Tous eurent également une pensée pour leur camarade de promotion n’ayant pu effectuer l’ensemble des sauts avec eux.

Après la cérémonie ou le lendemain (pour certains qui étaient restés sur site) les réservistes ont eu la possibilité et la chance de pouvoir visiter le Musée des Parachutistes. Ce lieu héberge de très nombreux documents, drapeaux, films, reconstitutions et objets ayant appartenu et servi aux parachutistes de la première heure, mais également plus récemment. Ce Musée, d’une très grande qualité mérite d’être visité par tous, et en particulier par les personnels effectuant le stage à l’ETAP.

Le brevet

Ce stage, et l’obtention de la « plaque à vélo », sont utiles à plusieurs titres. Il permet en premier lieu aux réservistes affectés en unité TAP de disposer de cette qualification qui peut leur être nécessaire pour certains engagements opérationnels (postes TAP).

Mais au-delà de cet aspect opérationnel, qui n’est pas la vocation première de l’UIR, il permet aux réservistes des régiments TAP d’aborder la spécialité propre à leur régiment (souvent facteur de motivation lors de la signature d’un contrat d’ESR dans ces unités).

Ensuite, il permet de faciliter l’intégration des réservistes nouvellement arrivés avec les militaires d’active et les réservistes plus anciens, déjà brevetés. Ce brevet contribue en effet à la cohésion des personnels, au sein des compagnies de réserve mais aussi dans les régiments, et plus largement au sein de la grande famille des parachutistes (actifs, réservistes et honoraires).

De même, il est un des éléments qui facilite la tâche des cadres au quotidien (au-delà des composantes plus classiques que sont le grade, la compétence et la personnalité). Il est en effet plus aisé d’avoir déjà passé la portière lorsqu’il faut commander des troupes brevetées (il est ici notamment question d’exemplarité, de légitimité… voire de rite de passage pourront dire certains).

Enfin, et toutes proportions gardées, le stage réalisé à l’ETAP contribue en partie à l’aguerrissement des personnels. Il permet également à des réservistes de tous grades, issus de divers régiments TAP, d’échanger et de tisser des liens (entretenus par la suite dans le civil).

En conclusion, ce stage constitue un moment important et inoubliable dans la vie d’un réserviste, et plus généralement d’un militaire. Plus qu’un aboutissement, il est avant tout le point de départ de la vie de parachutiste.

Et par Saint-Michel, vivent les Paras !

La Prière du Para

Je m’adresse à vous mon Dieu,
Car vous donnez
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos,
Ni la tranquillité,
Ni celle de l’âme, ni celle du corps.

Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude.
Je veux la tourmente et la bagarre.
Et que vous me les donniez, mon Dieu,
Définitivement.
Que je suis sûr de les avoir toujours
Car je n’aurai pas toujours le courage
De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste.
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas.
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la Foi.

Car vous êtes seul à donner
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

Aspirant André ZIRNHELD
Mort au Champ d’Honneur