Le Drapeau de l’Ecole Militaire d’Infanterie de CHERCHELL
est rentré au Musée de l’Infanterie porteur de l’inscripton « AFN 1952-1962 »

Reportage photo : Danielle RIVERA

 

Fierté dans le passé, fidélité aux camarades, foi en l’avenir et confiance en l’Infanterie d’aujourd’hui furent les points marquants de la cérémonie de retour au Musée de l’Infanterie du Drapeau de l’Ecole Militaire d’Infanterie de CHERCHELL, des retrouvailles des Anciens de CHERCHELL et du dépôt de gerbe au monument aux Morts de l’Ecole d’application de l’Infanterie à MONTPELLIER le 27 mars 2008. En effet, ce jour là, sous la présidence du général CHARPENTIER, commandant l’EAI, les membres de l’Amicale Nationale des Camarades de CHERCHELL, Officiers de Réserve et Elèves (ANCCORE) et de l’Association Nationale des Réservistes de l’Infanterie (ANORI) s’étaient rassemblés pour saluer le Drapeau de l’Ecole qui fut notamment celle des EOR et des SOR de la guerre d’Algérie, lequel rentrait au Musée après avoir reçu sur ses plis l’inscription « AFN 1952-1962 ».

Plus de cent officiers de réserve étaient présents dans le hall du Musée de l’Infanterie pour l’arrivée du général CHARPENTIER qui donna lecture de son ordre du jour retraçant l’histoire glorieuse de l’Ecole de CHERCHELL qui forma cadres d’active et de réserve qui servirent ensuite sur les champs de bataille de la Deuxième Guerre Mondiale, d’Indochine et d’AFN où nombre d’entre eux firent le sacrifice de leur vie.

Puis, le Drapeau fit son entrée et un frémissement passa dans l’assistance, tous les regards fiers et droits fixés sur l’emblème de CHERCHELL accompagnèrent un salut rempli de respect, de fidélité et de souvenir. Lorsque retentit la sonnerie « au Drapeau », un grand moment d’émotion étreignit tous les Fantassins fraternellement réunis.

Après la cérémonie, nombreux furent ceux qui se firent photographier avec le Drapeau reposant sur des faisceaux de fusils, avant de visiter une exposition réalisée à partir de photographies réalisées par des Anciens de CHERCHELL du temps de leur formation.

En prélude au sympathique buffet qui réunit les participants, le lieutenant-colonel FICHET, président de l’ANORI, remit au général CHARPENTIER le dossier de la requête de l’ANORI qui permit d’obtenir l’attribution au Drapeau de l’inscription « AFN 1952-1962 », afin que sa conservation soit assurée par le Musée de l’Infanterie, et le lieutenant-colonel COURTADE, président de l’ANCCORE, remit quelques cadeaux au général, ainsi qu’un calot de l’Ecole de CHERCHELL, le faisant président d’honneur de l’ANCCORE, calot qu’il s’empressa de coiffer sous les applaudissements.

Après le repas, les Anciens de CHERCHELL se rassemblèrent au monument aux Morts pour déposer une gerbe en mémoire de leurs parrains de promotion, de leurs camarades tombés au combat et de tous ceux disparus depuis.

L’inscription « AFN 1952-1962 » au Drapeau de l’Ecole Militaire d’Infanterie de CHERCHELL constitue la légitime récompense de l’Ecole, de ses cadres et de ses élèves au service de la France et de son Infanterie. C’est le symbole de la reconnaissance de la République pour la conduite au feu des Anciens de CHERCHELL pour laquelleaucun d’entre eux ne fera jamais repentance, mais au contraire pourront tous s’en montrer fiers pour toujours.

Cette journée fut celle du souvenir, de l’honneur et de l’esprit intact des Anciens de CHERCHELL au service de la Patrie et de l’Infanterie.

L’ANORI est fière d’avoir pris l’initiative de la requête pour l’attribution de l’inscription « AFN 1952-1962 » au Drapeau de l’Ecole Militaire d’Infanterie de CHERCHELL, dont elle s’honore de compter des Anciens parmi ses membres. Honneur à Eux !

Allocution du Général CHARPENTIER,
commandant l’Ecole d’Application de l’Infanterie

Honneurs au Drapeau de Cherchell !

Le Drapeau de l’Ecole militaire d’infanterie de Cherchell fut attribué à cette Ecole le 11 juillet 1958 et remis solennellement à sa garde le 29 janvier 1959.

Il a succédé à un premier drapeau, non officiel, vu sur les rangs uniquement pour la promotion d’officiers d’active « Tunisie » en 1943, et à un fanion sur lequel on devait accrocher, le 12 juillet 1950, la Croix de guerre 1939-1945.

Cette Croix de guerre, aujourd’hui sur la cravate de notre Drapeau, est accompagnée depuis 1963 par la Légion d’Honneur remise par le ministre des armées monsieur Pierre Messmer.

Il faut attendre le 11 janvier 2006 pour que les plis de ce Drapeau reçoivent  l’inscription « AFN 1952-1962 ».

Les inscriptions des batailles portées dans les plis des emblèmes des unités de l’armée de terre sont en elles-mêmes les symboles de victoires mais aussi de défaites honorées comme des faits d’arme, tant le sacrifice fut grand et le culte de la mission poussé à son paroxysme, comme à « Camerone », « Sidi Brahim », « Bazeilles » ou « Diên Biên Phu ». Souvent ces inscriptions ont été renouvelées car trop nombreuses pour être toutes inscrites.

Pour le Drapeau de Cherchell, une seule inscription : « AFN 1952-1962 ». Ce qui pourrait laisser penser que seules les opérations de Tunisie, du Maroc et, ce qui fut longtemps appelé la « guerre sans nom », c’est-à-dire la guerre d’Algérie font la gloire de ce prestigieux Drapeau.

En effet, la geste militaire conservée dans ses plis est d’abord celle de l’Ecole de Cherchell qui, quels que soient les noms que porta cette école, est dépositaire de toutes les promotions de cadres – officiers d’active ou de réserve ou sous-officiers – qui y ont été formés entre novembre 1942 (date de la décision de création de l’Ecole des Elèves-Aspirants EAA) et 1962.
On ne saurait oublier nos Anciens formés de fin 1942 à mai 1945, c’est-à-dire les 5 promotions d’officiers d’active :
– « Weygand »
– « Tunisie »
– « Libération »
– « Marche au Rhin »
– « Rhin français » cette seule promotion de décembre 1944 à mai 1945 compta 1477 élèves, soit presque l’ensemble des Promotions de Saint-Cyr : Croix de Provence 1942, Veille au Drapeau 1943 et Rome et Strasbourg 1944

On ne peut passer sous silence non plus le fait que cette Ecole de Cherchell qui portait à ce moment le nom d’Ecole militaire interarmes (EMIA) se voit confier le 2 avril 1945, en présence du général de Gaulle, la garde de deux drapeaux : celui de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr et celui de l’École Militaire de l’Infanterie et des Chars de combat de Saint-Maixent (EMICC).

Cet honneur fut certes de courte durée, puisqu’ils devaient rejoindre dès juillet 1945  Coëtquidan, où s’installait l’Ecole militaire interarmes. Mais il signifiait bien toute la confiance que le Commandement accordait à cette Ecole. Il fut concrétisé par l’attribution de la croix de guerre avec palme qui orne ses plis, avec la citation suivante : «  Du 8 novembre 1942 au 8 mai 1945 et après l’envahissement total de la Métropole, l’Ecole Militaire de Cherchell a maintenu la tradition des écoles d’officiers de France en inculquant aux élèves-aspirants la foi dans les destinées  et la grandeur de la Patrie, a formé pour les Armées de la Libération des chefs dignes de leurs aînés, ardents et animés du désir de vaincre qui s’illustrèrent sur les champs de bataille de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. S’est acquis ainsi au prix de lourds sacrifices, une part glorieuse dans la victoire de nos armes. » René Pleven, ministre de la Défense nationale

Par ailleurs, dès le 1er janvier 1946, et jusqu’en 1958, l’école reçoit pour mission de former des sous-officiers sous le nom « d’EMIA des sous-officiers », avant celui « d’école de cadres d’Afrique du Nord ». Annexe de l’école de saint Maixent, elle formera les EOR et les sous-officiers de l’Infanterie des unités basées en AFN.

Ainsi plusieurs milliers d’officiers d’active ou de réserve et de sous-officiers formés à Cherchell vont être engagés en Indochine et en AFN y laisseront leur vie. L’Algérie, c’était hier – au moins pour ceux qui l’ont vécu – mais on ne saurait oublier que 90% des chefs de section des unités opérationnelles d’Infanterie sont sortis de l’Ecole de Cherchell.

L’école est transférée à Montpellier en octobre 1962 et le drapeau est décoré de la Légion d’Honneur en juin 1963 avec pour citation: « Depuis 1942, a accueilli et instruit 25 000 officiers et Aspirants de réserve. Durant les opérations de guerre et de Libération de 1943 à 1945, puis en Extrême-Orient et en Afrique du Nord, ses anciens élèves ont affirmé les meilleures qualités de chef et d’entraîneur d’hommes. S’ils ont glané les plus beaux titres de guerre, plus de 600 parmi eux ont inscrit leur nom au livre d’Or de l’Ecole. Citée à l’Ordre de l’Armée en 1950, l’Ecole Militaire d’Infanterie a droit à la reconnaissance du Pays. »

Par conséquent, puisque cette seule inscription ne révèle pas toute la geste de l’ensemble des cadres formés à Cherchell, il nous revient, à nous, ici présents, d’assurer la mission de « passeurs » auprès des générations présentes et à venir, de gardiens et de transmetteur de la mémoire.

Ce Drapeau c’est bien la représentation de 20 années de guerre sur tous les champs de bataille où les Trois Couleurs ont flotté, années pendant lesquelles près de 660 officiers sont morts et plus encore de sous-officiers. Il est enfin marque de la symbiose entre les officiers d’active et les officiers de réserve, dont beaucoup servirent comme ORSA en Indochine et en Algérie avant pour certains de continuer  dans l’active.

Le drapeau de Cherchell, honoré aujourd’hui, reprend sa place au sein de l’école d’application de l’infanterie.