« REGIMENT DE PIEMONT »
par le LCL FICHET
Le 3ème Régiment d’Infanterie a connu une histoire agitée, a disparu bien des fois et constamment a revu le jour, sous des formes diverses, en des lieux et avec des hommes différents, mais d’emblée, à chaque fois, l’unité reconstituée a repris les traditions de ses prédécesseurs.
C’est donc une épopée remontant fort loin que celle du 3ème RI. Elle se caractérise par la tragique fidélité à la rude devise de Régiment : « Résolus de crever plutôt que de ne pas tenir bon. »
Le 3ème RI est fier de figurer parmi les « Vieux Corps » de l’Infanterie française. C’est, en effet, en 1494 qu’ont été levées au Piémont les « Bandes delà les Monts » pour les guerres d’Italie. Par la suite, après avoir été encadrées et disciplinées, elles sont devenues les Bandes de Piémont, lesquelles jouèrent un rôle non négligeable à l’aile droite de l’Armée Française en 1515 à Marignan. Parmi les gentilshommes français qui les commandaient se trouvait alors le chevalier BAYARD.
Ayant absorbé les « Bandes Noires Italiennes » qui portaient des enseignes noires en signe de deuil de Jean de Médicis (le pape Léon X), le Régiment a depuis lors toujours eu le drapeau noir à croix blanche qui fut le sien sous l’Ancien Régime et qui figure encore sur son insigne.
C’est un corps qui excelle dans les combats d’avant-garde, la guerre de montagne, les actions de surprise et ses assauts sont irrésistibles.
En 1535, François Ier lui donne le nom de « Vieilles Bandes » pour le distinguer des « Légions » de formation nouvelle.
Durant les Guerres de Religion, il s’illustre sous les ordres de Thimoléon de Cossé-Brissac qui sera tué dans ses rangs. Il devient alors le Régiment de Brissac.
C’est en 1584 qu’il prend l’appellation de Régiment de Piémont.
En 1636, à Cerisy, au prix de pertes considérables, il tient tête pendant douze heures aux 27 000 hommes de l’armée ennemie, perdant la plupart de ses cadres, mais sauvant par son sacrifice le reste de l’Armée Française. Le cardinal de Richelieu dit alors de lui : « Piémont est un des plus beaux régiments du monde ».
Il prend part aussi à toutes les campagnes de la Monarchie.
Avec la Révolution, les régiments perdent leurs appellations et il devient le 3ème Régiment d’Infanterie. Intégré dans l’Armée des Vosges, il participe à la prise de Spire, de Worms et de Mayence.
Mais il sera bientôt dissous dans le cadre de la réorganisation de l’Armée. Par contre, la 3ème Demi-brigade de Bataille est crée par l’amalgame de plusieurs unités à Lille et se bat en Belgique et aux Pays Bas.
En 1976 a lieu un nouvel amalgame et l’on tire au sort les numéros : c’est l’ancienne 91ème de Bataille qui devient, en Alsace, la 3ème Demi-brigade de Ligne et combat en Italie. Elle recevra la mention « Gênes 1800 » sur son drapeau.
Le 24 septembre 1803, elle devient le 3ème Régiment d’Infanterie de Ligne, qui recevra le 5 décembre 1804 son aigle des mains de l’Empereur. Le Régiment participera aux campagnes de l’Empire, pour commencer dans l’Armée de Rhin. Son drapeau reçoit les inscriptions « Austerlitz 1805 » et « Wagram 1809 ». Il se bat aussi en Espagne et sera presque détruit à Waterloo.
C’est ensuite la Légion Départementale de l’Allier qui reçoit le numéro 3. L’ordonnance royale du 23 octobre 1820 qui réorganise l’Infanterie créera le nouveau 3ème de Ligne par l’amalgame des légions de l’Allier et de la Nièvre. C’est ce régiment qui, en 1830, fera partie du corps expéditionnaire en Algérie.
Sous le Second Empire, il est du corps expéditionnaire de la Baltique en 1854 et gagnera l’inscription de « Bomarsund » sur son drapeau. Il participera aussi aux opérations de l’Armée d’Italie en 1859 avant de faire des séjours en Algérie.
Lors de la guerre de 1870, il refuse de rendre son drapeau qui est découpé en morceaux confiés aux dix-huit officiers présents. Ce drapeau sera en partie reconstitué en 1889.
Durant la Première Guerre Mondiale, le 3ème R.I. reçoit deux citations à l’ordre de l’Armée et la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre. Son drapeau reçoit trois nouvelles mentions : « Verdun 1916 », « Vauxaillon 1918 » et « Thiérache 1918 ». Après une période d’occupation en Allemagne, il regagne ses garnisons traditionnelles des Alpes du Sud et se transforme en Régiment d’Infanterie Alpine (R.I.A.).
La Deuxième Guerre Mondiale le voit participer à la Bataille de France. Il combat sur la Somme et sur la Loire, mais sera dissous le 15 décembre 1940.
Il renaît le 1er mars 1945 à partir d’unités de la Résistance et fait partie du Détachement de l’Armée des Alpes. Là encore, il gagne une inscription à son drapeau : « Authion 1945 », avant d’être à nouveau dissous le 1er novembre 1945.
Onze ans plus tard, le 1er Bataillon du 3ème R.I.A. est formé avec des réservistes pour les opérations d’Algérie. Il disparaîtra encore le 30 novembre 1956 pour céder la place à la 7ème Demi-brigade Alpine qui devient le 3ème R.I.A. le 1er décembre 1956. Mais, le 30 septembre 1962, c’est une nouvelle dissolution.
Le 1er juillet 1964, le 3ème Bataillon d’Infanterie est créé pour quelques années par changement d’appellation du 1er Bataillon de Tirailleurs Algériens.
Puis, le 1er juillet 1968, le 3ème R.I. renaît à Constance et tient garnison à Radolfzell dans le cadre des Forces Françaises en Allemagne. Disparaissant à nouveau lors d’une réorganisation de l’Armée de Terre, il est encore recréé au camp des Garrigues auprès de l’Ecole d’Application de l’Infanterie. Après sa dissolution, son drapeau a été confié au Détachement de l’EAI du Camps des Garrigues.
Les Fantassins d’aujourd’hui du Régiment de Piémont et tous ses Anciens peuvent être fiers de leur Régiment dont l’histoire est si riche, qui a toujours su renaître, reprendre et perpétuer ses traditions et en toutes circonstances faire honneur à l’Infanterie Française.